Chasse et repas à Fontainebleau

Elle avait esté informé qu'une chasse avait lieu ce jour par une de ses mouches, sans plus attendre Louison s' estait apprêtée ne voulant manquer cela. Elle aimait les longues chevauchées dans la forêt, s' imprégner des senteurs qui prédominaient cette belle nature.

Montée en amazone sur son bel étalon, elle arrive au pas dans l'immense cour, incline la teste vers le Roy qui est comme à chaques chasses exalté.Elle fait de mesme vers son médecin personnel avec un sourire. De sa main gantée tient fermement les rênes de "perceval" qui martéle le sol de ses sabots.

Vostre Majesté, pardonnez mon retard, mais il y a à peine quelques heures que j' ai pris connaissance de vostre envie de partir en chasse. J'ai fait au plus vite pour vous rejoindre, je ne manquerais point cela pour tout l'or du monde. Estre non loin de vous est pour moi toujours un plaisir......

Elle lui adressa un sourire forcé.

Un bruit de sabots frappant hâtivement le sol la fit se détourner, elle reconnut la jument et sa cavalière. La silhouette en mouvement de Mélina se détache du rideau formé par les arbres. Ses prunelles bleutées pétillèrent de joie en songeant que ses mouches avaient fait leur travail. Elle sourit à Mélina qui venait de se mettre à ses côtés, elle se sentit osciller légèrement lorsque" Perceval" fit un pas en arrière tout en allongeant l' encolure, il releva la tête et se mit à retrousser les naseaux. Elle écarta autoritairement les rênes pour le calmer. Elle se pencha sur elle et lui susurra.

Vous estes tout en beauté ma chère, je pense que l'on va s' amuser à nouveau.

D'autres cavalières les rejoignirent, elle rendit un salut courtois vers la Dame encapuchonnée. Son rougissement et son oeillade ne lui échappèrent point, elle regarda son Royal Cousin qui devait estre la cause de cet empourprement soudain...Elle revint vers son cousin qui s'adressait à elle.
Sa bouche se crispa, lorsqu'il s'adressa aux dames sans lui laisser le temps de répondre, ses mains se resserrèrent sur les rênes. Elle se penche à nouveau sur La Baronne De Glapéan et avec un sourire sournois lui dit.


M'est avis qu'il n' y a point qu'une chasse ce jour, pendant que certains vont courir le gibier d' autres vont courailler auprès du Roy.

Elle eut un rire étouffé, elle allait talonner les flancs de "Perceval" lorsque la belle Camille chaperonnée du Marquis arrivèrent, elle leur fit sourire ravie de leurs présences, fit avancer "Perceval" à leur hauteur.

Vicomtesse, Marquis , je me doutais que vous n' auriez point manqué de vous joindre à nous. La chasse risque d' estre plaisante....

Elle regarda discrètement vers le Marquis De Denonville qui se faisait gourmander par le Roy, elle avait déjà entendu parler de lui mais ne le connaissait point vraiment. Il lui semblait austère mais cela venait sûrement de son grand âge...Louison répondit avec un sourire comblé au Marquis De Denonville.

Bien le bonjour Monsieur le Marquis.

Son visage radieux se retourna vers La Baronne De Glapéan qui lui adressait des mots susurrés à l' oreille qui dans le hourvari ne pouvait estre entendu que d'elle.... à moins d'avoir une ouie fort développée!! Louison resta décontenancé par l'aveux de son amie, haussant les épaules elle lui répondit en murmurant....

"Ma chère vous n'avez point de goût, il est affreux..."

Elle n' avait point pris conscience du temps qui passait ainsi à chevauchée, suivant de quelques longueurs le Roy.Elle ne voulait point se trouver parmis le rang des coquettes.Elle fut surprise, en voyant le Roy s'arrester dans une clairiére où la tente royale montée attendait.Elle tira légérement sur les rênes de perceval qui docilement s' arresta, elle remarqua la vapeur s' échapper de son encolure mouillée,elle lui adressa une tape amicale tout en se laissant glisser de la selle.Louison regarda vers La Baronne De Glapéan en relevant les sourcils.

"Cela ne fait point des heures que nous chevauchons, nous allons perdre le gibier.Enfin ce que Roy veut..."

Elle remit de l' ordre dans les plis de sa robe froissée et donna les rênes à un ecuyer.Elle fit quelques pas pour se dégourdir les pieds en jetant des regards vers le Roy qui venait de s' installer en soupirant.

"HO, maintenant on doit assister à son manger...J'espére que cela ne va point trop durer".Elle revint vers les courtisans, regarda vers le Marquis De Denonville qui portait fiérement le fusil du Roy.Elle sourit et se mit à contempler les feuilles des branches .


Mettons nous en chasse au lieu de discutailler, le gibier ne nous attend point.

Elle talonna "perceval" qui se mit rapidement au trot,la brise fraîche lui frôlait le visage tout en lui rosissant ses paumettes hautes. Elle fit suivre le sentier à Perceval, se penchant évitant une branche basse d' un énorme chêne, le bruit des sabots de perceval estait atténué par le tapis de feuilles qui jonchait le sol, elle se retournait pour vérifier qu'elle estait bien suivie.Elle fut agréablement surprise en voyant son bel amant la rejoindre.Son cheval se plaçant près de Perceval, elle adresse une oeillade à Louis.

Mon cher, vos mots me touchent, tel cupidon avec ses fléches.Je suis fort heureuse de vous voir.

Les aboiements lointains des chiens retentirent, ils avaient du trouver une piste....

" Comtesse, ne sauriez-vous point où nos chevaux pourraient se désaltérer ... "
" Ah ... il est vrai que le Roy est le Roy donc, il décide et l'on obéit "

Ne vous tourmentez point, un page va s' en occuper. Restez auprès de moi, nous deviserons pendant que Sa Majesté ripaille....Regardez comme il s' amuse à nos dépens, grand bien lui fasse...^/b]

Elle essayait de contenir son agacement avec des sourires mielleux et des bâillements intempestifs se disant que certains avaient trouvé meilleurs idées en réfrénant leurs montures, ne voyant point arriver la Vicomtesse de Comblisy et le Marquis d'Esne. Avaient ils pris un autre sentier ???Elle sourit au moment où son bel amant amena sa monture vers elles..

Ah ma chère et tendre amie servir a ses grandeurs et ses servitudes, soyez patiente

[b]Je ne fais que cela mon bel ami .Je vous présente une mienne amie la Baronne De Glapéan, vous l' avez croisé au bal donné par mon frère.


Elle fit un sourire à Mélina puis lui dit

Baronne , je vous présente mon bel am....ami le Comte de Saint- Pol

Un craquement de branches mortes se fait entendre, Louison regarde par dessus de la fine épaule de la Baronne de Glapean pour voir les retardataires approcher de la clairière .Elle sourit en reconnaissant Le Marquis d'Esne et la Vicomtesse de Comblisy qui semblaient estre dans leur petit monde, elle nota la chevelure de Camille quelque peu désordonnée et se retint de rire.Elle songeait qu'ils faisaient un très beau couple et en estait contente pour son amie. Elle se raidit et sourit à Mélina lorsque son Royal Cousin invita celle -ci à prendre place à sa table. Quelle joie pour elle, il est vrais que Melina avait un charme et une prestance qui ne passaient point inaperçu, elle se frotta les mains satisfaite de ce choix. Elle regarda Mélina avec un regard apaisant lui faisant comprendre qu'elle ne serait point loin..Elle allait s' avancer vers la Vicomtesse de Comblisy quand elle entendit le deuxième nom et faillit s' étrangler se disant non pas elle! elle avait trop bien compris ce que recherchait cette personne ayant déjà misé quelques louis avec quelques amies de son entourage. Elle haussa les épaules et releva fièrement la teste .Elle allait prendre à part son bel amant quand son nom sortit de la bouche du Roy, Henri la connaissant fort bien s' empressa de parer son humeur en lui glissant à l' oreille.

restez calme il vous teste, soyez souple sinon il vous fera rompre, jouez son jeu vous rebeller ne sert à rien, mais entrer dans son jeu vous apportera beaucoup, après bien des efforts je vous le concède....

Elle lui répondit tout en posant sa main sur la sienne sur un ton bien trop calme à son oreille....

"jamais je ne romprais...je n' ai point dit mon dernier mot et le temps est la meilleur arme que je posséde.Allez le rejoindre mais de grâce ne mangez point trop, et vos yeux bien dans vos poches!"

Elle foudroya le Roy du regard tout en tournant les talons et alla vers la Comtesse de Comblisy.


Comtesse de Comblisy, Marquis d' Esme , je crains qu'il ne faille attendre que le Roy se soit goinfré pour reprendre la chasse. Mais où estiez vous donc passé, j' ai cru que vous nous aviez faussé compagnie.

Je croyais que vous n'aimiez que trop la compagnie de votre Royal Cousin...

Je suis bien obligée malgré moi de me montrer en son entourage, j' aime à veiller de loin sur lui...

Elle lui rendit son sourire mi-figue mi- raisin. Son regard ne lui échappa point, cela l' aurait amusé si il n' estait point intime de son amie juste pour rendre jaloux son Henri.......

Dites moi, que pensez vous du choix de nostre Majesté quant aux personnes invitées à sa table?

Elle savait que sa question estait pertinente, elle fixa le Marquis qui ne devait point s' attendre à telle question...Elle se tourna sur la Comtesse de Comblisy....

Vous estes toute en beauté mon amie, l'amour vous épanouit.

La répercussion des aboiement de la meute se fait entendre, elle n'a pas le temps de réagir que le Roy vélocement passe par-dessus le dos de son cheval, elle regarde le reste de la tablée qui n' a point encore saisi l'instant n'estant point chasseur en l' âme...Elle laisse de ce fait la Comtesse et le Marquis rejoignant Mélina.

Et bien ma chère, il semblerait que la chasse ait reprit, tous les chasseurs et chasseuses courent après leurs gibiers, grand bien leur fasse

Oui et certaine plus vive que d' autres, cela me fait songer à un rapace sur sa proie...que ne ferait elle pour estre vue .

Elle se mit à rire badine avec son amie.

Hum ... je me demande à quelle heure cette chasse va finir ... probablement bientôt

Je ne sais car, si c'est le Roy qui se fait traquer cela sera suivant son humeur joueuse, si c'est le cerf il m' est avis que cela ira plus vite...

Elle venait à peine de clore ses lèvres qu' un coup retentit , elle leva les yeux vers la cime des arbres d'où quelques volatiles prirent leurs envols puis revint à Mélina.

Allons voir ce qu'il en est, mais ne nous pressons point.

Elle se tourna sur Henri et lui sourit.

Oh que vous dites ma chère amie ... il me plait à penser que le Roy m'eut convié à sa table car il ne me connaissait point ... enfin quelles que soit les motivations qui l'on conduit à faire ce choix, lui seul les connait

Oui, mais cela m'intrigue, j'aurai aimé en savoir plus sur ses objectifs vis à vis de toi.

Elle arrive enfin vers ce qui lui semble estre une prairie, le Roy se tient à proximité du corps du cerf au pelage ras, gris-brun qui d' après son expérience est d' un bon poid. Elle reste en retrait scrutant les meutes entourant le Roy avec un sourire figé, la vue du sang du cerf la retourne. Elle murmure à la Baronne de Glapean

Le Roy va pouvoir se reposer maintenant, dites moi mon amie il faudrait que je passe chez vous en les plus brefs délais, je dois vous parler d' une chose que je ne puis faire en cet instant bien trop d' oreilles indiscrètes.

Certains chiens de la meute profitaient à aller planter leurs dents dans les jarrets du cerf pendant que d'autres fatigués la langue pendante s'estaient couchés attendant un quelconque morceau d'abats. Elle trouvait cela bestiale mais là estait le sport favoris ne son Royal Cousin.

"Le cerf est mort vive le Roy.." de sa place, elle regarde le Roy s' adressant à la meute ce qui la fit sourire.La chasse se termine donc ce qui n'est point pour lui déplaire, elle pensait y ressentir plus d' exaltation mais point...bien trop ordinaire. Le Roy passe, elle ne lui accorde aucun regard, bien trop fière pour cela et n' attend rien de sa personne.

Elle salue le Grand Maitre de France et lui sourit. Tournant bride, elle incline la teste à la Dame aux joues pourpres.


Rentrons ma chère Baronne de Glapean,il me tarde de prendre un bon bain chaud qui me fera le plus grand bien. Je vous rejoindrais sur le tard chez vous.

Elle chercha du regard son bel amant et lui fit comprendre qu'elle s' en retournait chez elle. Elle mit Perceval au galop rejoignant la troupe et la dépassant; Quelle sensation de liberté elle éprouvait en cet instant.


Mon bel Ami, quel dommage vous n' avez pu vous repaître à vostre bon plaisir l' estomac et les parties les plus charnues des dames de la table.

Elle rit tout en allant vers sa monture, pied à l' étrier elle se souleva et prit place sur la selle.Elle fit signe de teste vers Le Marquis de Denonville qui lui paraissait rembruni et qui fila vers le sentier.Elle mit sa monture au pas pour estre à portée de vue.

Dites moi Melina , vous avez fait impression au Roy pour qu'il vous convie à sa table.